L'une des conséquences de la récente crise financière mondiale a été la croissance rapide de la dette publique dans les économies avancées, qui a atteint des niveaux record en temps de paix. Les marchés émergents et les économies en développement semblaient plus résistants immédiatement après la crise de 2008-2009 ; cependant, la baisse des prix des matières premières et le ralentissement de la croissance au cours de la période 2014-2016 ont affaibli leur situation budgétaire. Confrontés à un endettement croissant, les gouvernements ont tenté de déterminer le niveau "sûr" du déficit budgétaire et de la dette publique. Cependant, il n'existe pas de norme unique de sécurité budgétaire pour toutes les économies. Le risque de défaillance peut survenir à différents niveaux de la dette publique. En fait, le niveau d'emprunt "sûr" est spécifique à chaque pays et dépend de nombreux facteurs et de circonstances souvent imprévisibles. Les leçons tirées des dernières crises soulignent également l'importance d'une estimation précise des engagements budgétaires conditionnels, notamment ceux liés à la stabilité du secteur financier. À l'avenir, les estimations des engagements conditionnels liés aux systèmes publics de retraite, de santé et de soins de longue durée sont d'une importance capitale dans le contexte d'une société vieillissante et d'un déclin de la population.
Marek Dabrowski est chercheur non résident à Bruegel, Bruxelles, professeur à la Higher School of Economics de Moscou et membre du CASE à Varsovie. Il a été premier vice-ministre des finances (1989-1990) et membre du Conseil de la politique monétaire de la Banque nationale de Pologne (1998-2004) et consultant politique dans plus de 20 pays.