Au dix-septième siècle le mot Anatomie avait le sens général d'analyse, d'examen : c'est ce que se propose de faire ici le redoutable polémiste protestant Pierre Du Moulin (1568-1658), vis-à-vis de la Messe catholique, et plus précisément de passer au crible des Écritures bibliques et du témoignage des premiers écrivains chrétiens le dogme romain de la transsubstantiation. S'il avait dû composer aujourd'hui ce gros volume, nous aurions pu lui proposer de l'intituler plutôt : Autopsie de la Messe ; car la conscience populaire a évolué, et plus personne ne se pose certaines questions qu'il évoque, comme de savoir ce qu'il advient du corps de Christ quand une souris grignote l'hostie... Mais alors pourquoi le rééditer ? La visite de ce document historique reste un moyen de choix pour se rendre compte du niveau de superstition auquel un clergé corrompu a si longtemps réussi à abaisser les esprits ; par contraste, elle nous permet d'apprécier l'immense érudition qu'avait acquise ce héros protestant, dans un temps où n'existaient pas nos bibliothèques modernes. Enfin, profitant du recul des siècles, nous y redécouvrons encore une fois ce principe, que toute autorité humaine, tant spirituelle que temporelle, marche inévitablement à sa ruine, dès qu'elle prétend à l'infaillibilité. Cette numérisation ThéoTeX reproduit le texte de 1636.